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de la maternelle à l’université

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Édito
Article mis en ligne le 10 octobre 2023
dernière modification le 9 octobre 2023

par Le Comité de la Régionale

Début octobre, le bronzage déjà bien estompé, le capital bien-être des grandes vacances se réduisant, on commence à compter les semaines qui nous rapprochent des Journées Nationales 2023 à Rennes. Et des premières vacances qui suivront. Les copies s’entassent pour les uns et les mails tombent très certainement dans les messageries électroniques des autres. À défaut de gouttes dans le ciel en ce début d’automne, il pleut des nouvelles sur l’Éducation nationale.

Celles-ci sont toutefois arrivées plus tôt qu’à l’ordinaire cette année. Ainsi, les élèves n’avaient, eux, pas encore le nez dans leurs cahiers que nous avions déjà connaissance du décalage des épreuves de spécialité en Terminale. Elles se dérouleront en juin 2024 plutôt qu’en mars 2024. Au collège, chaque élève de sixième bénéficiera du dispositif « devoirs faits » et d’une heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques et en français [1] .

À mesure que le mois de septembre s’est écoulé, des précisions sur ces mesures sont arrivées. Ou non d’ailleurs. Selon les collèges, l’organisation de devoirs faits et des heures de soutien se révèle disparate. Nous avons sondé les collègues du Comité de la Régionale et il en ressort beaucoup de cas différents.

Ici, on compte sur les « pactes » signés par des enseignants du premier degré pour combler le manque de moyens et permettre la mise en place de groupes à effectifs réduits en sixième ; parfois même, sans la certitude de la venue des dits collègues du primaire… De fait, les horaires associés n’ont pas été pensés par le ministère. On constate, en effet, que le volume pour « une brique » du pacte dans le premier degré ne coïncide pas avec le volume horaire nécessaire à la prise en charge des élèves sur l’année complète. En revanche, ces élèves de sixième ont bien un créneau dédié dans leurs emplois du temps. Les laisserons-nous donc sans enseignant une partie de l’année ? N’en déplaise aux circulaires académiques qui proclament, en ce début d’année, l’absolue nécessité d’un prof devant chaque classe et à chaque heure.

Ailleurs en Île-de-France, le problème est tout autre. Il a été décidé que le soutien aurait lieu le mercredi matin puisque les professeurs des écoles sont libérés de cours ce jour-là. Mais alors, quid des collègues de collège qui par nécessité ou par habitude ne travaillaient d’ordinaire pas le mercredi. Ces derniers ne peuvent pas s’inscrire dans le dispositif et ne peuvent donc pas suivre pendant ces heures d’accompagnement les classes qu’ils ont en responsabilité le reste du temps.

Pacte versus ORS [2], l’équation semble difficile à résoudre.

Au lycée, c’est encore une autre situation kafkaïenne qui se dessine. Le nouveau calendrier des épreuves de fin d’année précise que les épreuves de spécialité des bacheliers généraux et technologiques se dérouleront du mercredi 19 au vendredi 21 juin 2024, puis l’épreuve du Grand oral sera organisée à partir du lundi 24 juin 2024.

Préparer en parallèle les deux épreuves de spécialité, sans horaire dédié au Grand oral, respectivement coefficients 16 et 10 en série générale et 16 et 14 en technologique, voilà le nouveau défi que les enseignants en classe de terminale s’apprêtent à relever cette année. Comment va justement s’articuler cette préparation en simultané ? Ne nous mentons pas, avant les épreuves écrites, le traditionnel "bachotage" et la période de révision sont stimulants pour nos élèves mais ce travail, source d’émulation, ne pourra pas être mené de front avec la passation d’oraux blancs, ni un travail individualisé pour préparer au mieux nos élèves au Grand oral.

Les épreuves de spécialité ont été décalées, constat d’un échec cuisant de la réforme du lycée Blanquer. Il en aura tout de même fallu du temps pour qu’une demande répétée de l’APMEP, comme des autres associations de professeurs et de spécialistes, soit enfin entendue. Parcoursup comme leitmotiv, les ministères se succédant nous répétaient dans leurs communications, qu’étant l’essence même de la réforme, il n’y aurait pas de rétropédalage. En définitive, ce calendrier est bien modifié. Ne peut-on pas espérer que d’autres demandes soient aussi écoutées ?

Mais, à l’approche des vacances, les enseignants sont surtout préoccupés par une autre nouveauté. Les EAFC [3] annoncent dans une belle infographie sur la page dédiée d’Éduscol, vouloir « transformer la formation continue des enseignants ». Pour une transformation, c’en est une. On impose, pour cette année scolaire, 40 % des formations « hors du temps scolaire » et, à la rentrée 2024, des enseignants qui se formeront « hors du temps de présence devant les élèves » selon le Président de la République. Aujourd’hui, l’APMEP s’inquiète et ne peut que s’opposer à cette injonction ministérielle tant elle touche à l’une des respirations de nos métiers : former au quotidien des élèves, les accueillir, les aider pour progresser face à des difficultés parfois grandissantes, s’informer sur les derniers résultats de la recherche en didactique, échanger avec nos pairs, sans avoir soi-même accès à une formation digne de ce nom et sur notre temps de travail, c’est un non-sens.

Et ce, même si certains d’entre nous serons à Rennes pour se former pendant trois jours et demi, au début de nos vacances, à nos frais et avec des « parcours » individuels qui promettent d’être fort sympathiques pour reprendre le jargon de l’Éducation nationale.

Ambiance amicale et plaisir de faire et transmettre les mathématiques garantis, nous avons quand même hâte de vous y retrouver. Tout d’abord, dimanche matin à l’occasion de la réunion de la Régionale, puis le soir pour ceux qui souhaiteraient se joindre au Comité pendant le repas de la Régionale afin de prendre, tous ensemble, un grand bol d’R.

 

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°198 octobre 2023
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS