N°200, et ensuite ?
200e édition de notre revue. Et ensuite ? Malgré le pessimisme éprouvé à la lecture de l’édito du 100e en janvier 1999, la Régionale a tout de même réussi à publier cent numéros supplémentaires depuis, à raison de quatre numéros par an en moyenne.
Parfois les problématiques nous paraissent inchangées, entre la baisse de participation aux activités de la Régionale de collègues soumis à des contraintes professionnelles croissantes, le manque d’auteurs nous soumettant leurs articles ou encore les doutes du comité de rédaction sur la visibilité des Chantiers.
En 25 ans, la revue a muté, notamment en passant du papier au numérique (relisez l’édito du n°157 de juin 2013), nonobstant, l’âme demeure. En s’efforçant de publier à chaque trimestre, les membres de la Régionale ont à cœur de proposer aux lecteurs des réflexions sur nos pratiques pédagogiques et de dresser le portrait d’un métier, tantôt mis à mal, mais toujours passionnant. Finalement, l’enseignant⋅e ne se pose-t-il pas toujours les mêmes questions sur ses élèves et sur sa pratique ? Relisez le n°179, où nous vous proposions une relecture sur les changements et permanences de ces questions à l’occasion des 50 ans de notre revue en janvier 2019.
Ainsi, à l’aube d’une réforme majeure dans l’Éducation nationale, à savoir la création des groupes de niveaux au collège, l’association cherche à comprendre les mécanismes de ces prises de décisions politiques. Nous nous sommes déjà exprimés [1] sur celles-çi et avons fait part de nos inquiétudes.
L’attention du grand public en est, elle, certainement détournée. On dupe les familles en orientant le débat sur le port ou non de l’uniforme à l’école, le relèvement du niveau grâce au retour du redoublement… Des considérations anecdotiques qui ne reflètent en rien les préoccupations actuelles des salles des profs.
Alors ces décisions politiques sont-elles purement dogmatiques ou seulement des astuces pour leurrer le concitoyen, pouvant laisser croire que les décideurs se saisissent réellement du « problème de l’école » ? Si les membres du comité ne partagent pas forcément tous la même analyse quant aux intentions du pouvoir, ils sont tous unanimes sur un point : les réels enjeux de l’École ne sont pas discutés. Alors que seulement 12 % des rapports rédigés par l’Inspection générale sont publiés, les fameux « indicateurs chiffrés » comme les taux de réussite aux examens, le taux d’absentéisme des enseignants, les résultats aux évaluations nationales et internationales, les retours des audits des établissements guident les politiques et justifient les choix opérés. Salaires et conditions de travail des enseignants, accompagnement de tous les élèves dans leur parcours, et surtout prise en charge des inégalités sociales, de genre et territoriales, autant de sujets qui finiront sous le tapis.
Les professionnels que nous sommes voient s’accumuler, décrets après décrets, des aménagements de structure ou d’enseignements qui, pour éteindre l’incendie, sont vantés comme des solutions miracles à l’instant $t$. Puis, en des délais parfois records, à l’instant $t+\epsilon$, on rétropédale, on (re)module sans jamais donner l’impression d’avoir réfléchi sur un temps long et avec les acteurs de terrain. Et ce, sans jamais réussir à convaincre totalement au sein des établissements, sans soumettre à l’évaluation ces politiques menées.
Pourtant… Pourtant, prof de maths, reste et restera un métier captivant. C’est entre autres la raison pour laquelle, depuis sa création, notre association se réinvente et se régénère au gré des nouvelles adhésions et des évolutions de l’enseignement des mathématiques.
Comme toujours, nos collègues, et particulièrement les adhérent⋅e⋅s de l’APMEP, sont plein de ressources. Ils et elles évoluent constamment, sont inventifs, soucieux de la réussite de tous leurs élèves. Ils sont toujours prêts à se former, écouter, expérimenter, débattre, changer, réfléchir comme en témoigne ce très beau numéro 200 des Chantiers qui pour l’occasion s’est refait une beauté. Aux 100 prochaines éditions !
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS