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Il était une fois…
Article mis en ligne le 22 décembre 2014
dernière modification le 19 juillet 2022

Après avoir entendu vaguement parler de l’association MATh.en.JEANS (MEJ) à mes premières journées nationales de l’APMEP en 2011 à Grenoble, puis au salon de la culture et des jeux mathématiques, et surtout aux journées de Metz en 2012, où l’affiche a été élaborée lors d’un atelier MEJ, je me suis décidée à en créer un dans mon établissement.

J’ai pu assister à une journée du congrès d’Orsay (le dimanche) en avril 2013, invitée par Anne Marie MEYANAS, la coordinatrice de mon secteur, que j’avais contacté. C’est là que j’ai fait la connaissance de Florence Ferry, qui avec Claudie Missenard, a une longue expérience de la mise en œuvre d’un atelier MEJ en collège et m’a donné de précieux conseils et quelques documents pour m’aider à monter le projet. Je l’en remercie beaucoup !

Juin 2013, le projet est lancé (voté au conseil d’administration après quelques négociations avec mon chef d’établissement sur la mise en œuvre concrète) !

L’atelier a débuté en septembre 2013. Une de mes collègues, Céline, m’a rejoint pour encadrer un groupe. À cause de contraintes d’emploi du temps, nous avons créé deux groupes fonctionnant sur des créneaux horaires différents.

Pierre Duchet, chercheur du CNRS, spécialisé dans la mathématique combinatoire et géométrique, et un des membres fondateurs de Math.En.Jeans, nous a fait l’honneur de venir pour nous présenter 5 sujets dont 3 ont été retenus :

  1. Le loto
    combien de grilles faut-il au minimum pour gagner sa mise ?
  2. Mélange avec des barres
    comment faire arriver chaque animal à sa place ?
  3. Seaux et barriques
    comment transvaser des liquides pour doser exactement une quantité voulue ?

Il nous a aussi proposé de faire un « jumelage en interne », c’est-à-dire que le groupe de Céline a été jumelé avec le mien ; chaque groupe s’est divisé en sous-groupe travaillant sur l’un des trois sujets. Le groupe de Céline était composé de 8 élèves (de 4e) et le mien de 16 élèves (de 5e et 4e) en début d’année. Des querelles entre élèves et un essoufflement des moins motivés ont eu raison de certains d’entre eux. Vers mars, mon groupe ne comportait plus que 12 élèves .

Chaque groupe, encadré par Céline ou moi, s’est réuni 45 minutes deux fois par semaine puis une heure par semaine. Nous nous sommes aussi réunis trois mercredis après-midi pour présenter à Pierre et aux groupes jumelés l’état des recherches et mettre en commun les résultats lors de « séminaires » puis préparer nos exposés pour le congrès.

En avril, grâce à l’aide financière de l’association MATh.en.JEANS et la Régionale Île-de-France de l’APMEP, que nous remercions sincèrement, 18 élèves des deux groupes ont assisté aux trois jours du congrès à l’université de Versailles. Les groupes jumelés ont présenté leurs recherches sous forme d’exposé oral et de stand avec quelques animations !

Forts de cette expérience, nous avons fait une nouvelle présentation de notre travail lors d’une soirée au collège devant les parents et d’autres élèves, fin juin. Les élèves ont impressionné l’auditoire.

Ce que cela nous a apporté…

Le bilan est globalement positif. Ce fut une expérience très intéressante, très riche à la fois pour les élèves et les enseignantes. Certains groupes ont donné de nouvelles idées au chercheur, ce qui est très valorisant !

Les élèves et les enseignantes ont découvert le monde de la recherche et mis en pratique une bonne partie des différentes étapes :

  1. Se poser une question
  2. Chercher la réponse…
    parfois en commençant par des questions plus modestes
  3. Présenter à ses confrères l’état de ses recherches
    pour se faire critiquer, prendre du recul et de nouvelles idées (séminaires)
  4. Chercher encore…
  5. Présenter son travail à l’oral devant une assemblée d’experts
    afin de faire partager ses résultats (congrès)
  6. Écrire un article
    c’est ce qui permet de faire avancer la science, en gardant une trace des recherches et résultats trouvés… (Même si le congrès a été très apprécié par tous les élèves et que beaucoup étaient motivés par poursuivre le travail et recommencer l’an prochain, peu d’élèves sont venus écrire l’article et celui-ci n’a finalement pas abouti.)

Les élèves ont pratiqué le travail en groupe ; point qui n’a pas été évident (problèmes d’entente personnelle, abandon de certains, problèmes d’organisation et de communication). Ils ont eu des difficultés à prendre des initiatives car ils n’y sont pas assez habitués en classe ; ils se contentaient de répondre, comme on le leur demande le plus souvent en classe, aux questions telles qu’elles étaient posées par Pierre. Ils ne prenaient pas non plus toujours conscience de ce qu’ils avaient trouvé, n’ayant pas toujours confiance en eux… Et il a été difficile de les faire passer à l’écrit, de mettre au propre et de structurer ce qui a été fait, trouvé, pas trouvé…

Cela m’a posé personnellement beaucoup de questions et m’a fait réfléchir sur ma façon d’enseigner les maths dans ma classe. Je reconnais avoir tendance à dispenser l’enseignement tel que je l’ai appris moi-même. Cet atelier m’a confirmé ce que le film « Comment j’ai détesté les maths ? », mes dernières formations, un peu les derniers programmes et le socle commun nous transmettent comme message : il est important de faire réfléchir sans trop « formater » les élèves à répondre à une question en appliquant « bêtement » ce qu’ils ont appris. Il faut qu’ils arrivent à se poser des questions, à chercher avec patience sans forcément trouver ou à réaliser ce qu’ils ont trouvé, à créer des outils pour réfléchir (comme nous avons fait pour les stands). La manipulation est un outil précieux. En effet, un des élèves travaillant sur les transvasements n’a réellement compris son sujet qu’à la préparation du congrès, lorsque l’on a concrétisé un des problèmes avec des gobelets et du sable !

Je pense qu’on doit vraiment redonner aux élèves le plaisir de chercher, de découvrir… Ce n’est pas une mince affaire mais les brochures et journées de l’APMEP sont là pour nous donner plein de bonnes idées pour remédier à cela !

Pour diverses raisons (abandon de Céline, implication dans d’autres projets et associations qui prennent du temps, un nouveau chercheur à chercher…), je n’ai pas souhaité renouveler l’expérience pour 2014-2015 mais je garde l’idée dans un coin de ma tête et l’envie de retenter l’expérience.

Sophie Revellin
professeur de mathématiques au collège Les Châtelaines à Triel-sur-Seine (78)



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Les chantiers de pédagogie mathématique n°163 décembre 2014
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS


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