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L’évaluation différenciée
Article mis en ligne le 30 septembre 2018

par Sébastien Planchenault

Réflexions autour de l’évaluation

Qui n’a jamais eu la boule au ventre avant de se lancer dans la réalisation d’une évaluation, ou encore vu de la sueur couler sur son front, ou encore eu l’impression de se sentir mal avant un contrôle. Souvent on perd ses moyens par le stress.

Malgré nos connaissances et notre travail, nous ne sommes pas au meilleur de notre forme pour réussir. Si l’on écoute l’ensemble des recherches en neurosciences et en psychologies, l’impact des émotions est un facteur très important dans les apprentissages. On ne peut pas le nier. Il m’a alors semblé important de réfléchir à comment permettre à mes élèves d’être dans les meilleures conditions pour réussir.

J’ai alors lu de nombreux articles sur l’évaluation. La notation est peut-être facteur de ce stress et l’un des facteurs de cette peur de l’échec. Mais comment faire ? Quoi qu’il arrive, l’institution nous impose de noter, que ce soit par une note chiffrée, une lettre, une couleur ou un positionnement dans une grille critèriée. Le jour où l’on pourra se contenter de l’appréciation figurant sur l’évaluation et pas sur la notation, je pense que l’évaluation (re-)deviendra un véritable outil de formation pour les élèves.

L’évaluation est très souvent un outil de sélection dans l’éducation. Bien évidemment, il n’est pas question d’écrire Très bien, Bien ou Insuffisant, mais plutôt de signifier les réussites de l’élève et les endroits où il doit travailler en explicitant ce qu’il doit mettre en place pour progresser.

J’effectue de nombreuses évaluations afin de diminuer cette pression de la note mais, même cela, ce n’est pas suffisant. J’ai également mis en place la possibilité d’utiliser ce que l’on pourrait appeler des antisèches. Cela permet de diminuer grandement le facteur stress de l’évaluation et c’est également un très bon outil pour que les élèves apprennent leur cours ; en réalisant cette antisèche, ils doivent ainsi sélectionner l’essentiel de leur cours, savoir le reformuler, l’adapter et ainsi l’apprendre et le mémoriser.

Mais je souhaitais aller encore plus loin dans cette question de l’évaluation et en particulier de l’évaluation sommative.

La question de l’évaluation est une priorité dans l’enseignement. Elle est au cœur de nos pratiques et l’élément qui permet de réguler nos enseignements. L’évaluation a aussi pour rôle d’être un indicateur d’acquisition de connaissances ou d’acquisition de compétences pour les élèves.

De nombreux ouvrages ont été écrits sur cette question de l’évaluation. J’ai bien entendu parler du contrat de confiance d’André Antibi : on permet effectivement de diminuer le stress des élèves car ils connaissent à l’avance le type d’exercices sur lequel ils vont être évalués. C’est encore une procédure qui permet de mettre l’élève en confiance et favorise sa réussite mais ce n’est pas le choix que j’ai réalisé. J’ai mis en place l’évaluation par contrat de confiance lors de certaines évaluations formatives, où l’élève doit être en mesure de réussir des exercices d’application. Ce travail est essentiellement pour vérifier que l’élève a acquis une connaissance ou une procédure.

 

Évaluation différenciée : les débuts

Au début de l’année dernière, j’ai proposé une évaluation différenciée. J’ai ainsi proposé, pour chaque notion du cours, des exercices adaptatifs où l’élève est en mesure de choisir le niveau de difficulté.

Il me semble important de donner le choix à l’élève dans son évaluation car cela lui permet de s’approprier son évaluation et de devenir un véritable outil de formation. En choisissant le niveau de difficulté de l’exercice, il évalue implicitement ses capacités de maîtrise de telle ou telle notion.

Comment j’ai fait exactement ? Et bien je choisissais des capacités que je souhaitais évaluer dans un contrôle. Par exemple, savoir utiliser le théorème de Pythagore pour déterminer une longueur dans un triangle rectangle ou encore la connaissance et la maîtrise des formules d’aire. L’élève a dans son évaluation trois exercices avec des difficultés croissantes, de l’exercice d’application à l’exercice avec prise d’initiative. Pour éviter que l’ensemble des élèves ne choisissent que les exercices de niveau le plus simple, j’ai mis en place un système de bonus et le premier exercice est un QCM qui reprend des questions de mes activités de début de séances.

Dans chaque évaluation, il était obligatoire de prendre dans les exercices au moins deux problèmes de type 2 ou de type 3 sinon l’élève perdait 3 points ; sauf exception que j’accordais pour certains élèves.

Voici la grille de la répartition des points bonus en fonction du nombre d’exercices choisis avec des difficultés différentes.

Au cours de l’année, j’ai modifié légèrement cela, en rendant la grille plus compréhensible pour les élèves. J’ai alors accordé 0 point bonus pour un exercice de niveau 1, 1 point bonus pour un exercice de niveau 2 et 2 points bonus pour un exercice de niveau 3. Il faut savoir que les points bonus n’étaient pas cumulables et ne restaient valables que pour cette évaluation.

Voici un exemple d’exercices avec des niveaux différents :

Cela a très bien fonctionné et mes élèves ont été véritablement en réussite. Les élèves qui avaient de l’avance se faisaient un jeu de réussir le plus possible d’exercices de niveau 3 et les élèves plus en difficulté avaient le véritable sentiment de progresser. L’évaluation était devenue beaucoup plus juste et adaptée à chacun. Mais en raison de la quantité de travail pour préparer ce type d’évaluation, il m’a fallu réfléchir à faire autrement.

 

Évaluation choisie

J’ai alors proposé ce que j’appelle « l’évaluation choisie ». Elle consiste à demander aux élèves de décider sur quelles connaissances ils souhaitent être évalués. J’ai conçu un calendrier avec les dates de toutes les évaluations de l’année, ainsi que, pour chaque niveau, une fiche de notion.

Chaque élève m’indique quatre notions. Lors de l’évaluation, il sera évalué sur ces notions.

Afin que l’ensemble des notions soient évaluées, l’élève ne peut pas choisir plus de deux fois une même notion. En début d’année, j’explique le fonctionnement de l’évaluation choisie et précise que chacun doit être évalué sur l’ensemble des notions. Afin de préparer le contrôle, je prépare une banque de données d’exercices qui correspondent à chaque notion à évaluer lors de l’évaluation.

Une semaine avant l’évaluation, les élèves remplissent la grille de connaissances afin de m’aider à construire la banque d’exercices. Lors de l’évaluation, l’élève reçoit une fiche commune à l’ensemble des élèves avec le QCM et une partie qui lui est destinée afin de pouvoir analyser son travail lors de l’évaluation, ainsi que la grille de connaissances. Chacun son tour, les élèves se déplacent dans le fond de la classe afin de récupérer les exercices correspondant à leur évaluation.

Les élèves apprécient ce type d’évaluation. Ils n’ont plus peur de se tromper et choisissent, lorsqu’ils se sentent prêts, d’être évalués sur telle ou telle notion. Le reste des exercices sont réutilisés lors des séances de préparation à l’évaluation.

 

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Les Chantiers de Pédagogie Mathématique n°178 septembre 2018
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS