Les maths font leur cinéma
La clôture de la semaine des mathématiques à la BnF (Bibliothèque nationale de France), le 22 mars 2014 a attiré beaucoup de matheux mais pas que... Voici le regard de Carine Chagneau, professeur de lettres, qui s’est jointe à notre manifestation ; elle s’est alors prêtée au jeu en incarnant une bibliothécaire de la "bibliothèque vivante".
Lorsque Stéphanie m’a proposé d’être bibliothécaire à la BnF, l’idée m’a plu sans que je sache vraiment à quoi m’attendre. Je ne savais pas du tout à quoi pouvait ressembler ce que je croyais être un "congrès de mathématiques" ! Je mettais pour la première fois un pied dans l’univers si lointain et si hermétique, pour moi, des mathématiques. Chacun a son histoire avec les mathématiques (c’est entre autre l’objet d’une partie du documentaire Comment j’ai détesté les maths) et la mienne est plutôt compliquée, faite de répulsion, d’incompréhension, d’angoisse, d’inconnu mais aussi d’une pointe de curiosité.
Lorsque je suis arrivée à la BnF j’ai tout de suite fait la rencontre des livres vivants, allant de l’un à l’autre, m’informer de ce qu’ils donneraient à entendre. Certains étaient assez autobiographiques d’autres plus théoriques.
Il fallait ensuite aller à la rencontre des gens qui déambulaient dans les différents ateliers proposés et leur donner envie de passer une dizaine de minutes avec un livre vivant, un tête-à-tête, sur la scène de l’auditorium, mais dans l’intimité créée par la disposition de petites tables, réparties sur la scène, et sur lesquelles était posée une lampe. La pénombre et le rituel que nous avons instaurés (accompagner le "lecteur" à son livre, l’installer en face de lui, allumer la lampe…) créaient une atmosphère douce et propice à l’écoute et à l’échange.
Cette expérience était inédite pour la plupart des lecteurs qui se demandaient s’ils avaient le droit de poser des questions, pouvaient venir à deux… Ils se sont montrés curieux de cette expérience et très heureux de ce moment de "lecture" qui leur a souvent paru un peu court.
Mon immersion dans l’univers "hostile" des mathématiques par le biais des livres et d’histoires pour la plupart autobiographiques m’a beaucoup intéressée et m’a paru douce et accueillante. Les livres avaient vraiment envie de transmettre quelque chose et c’est ce qui fait la richesse de ce moment je pense.
Concernant les autres activités ou spectacles proposés, j’ai assisté aux deux petites pièces avec des yeux et des oreilles de néophyte. Beaucoup de choses m’ont échappé mais la première m’a paru moins difficile que la seconde à laquelle je n’ai vraiment rien compris. C’est parfois drôle de se retrouver projeté dans un univers totalement inconnu et incompréhensible. J’ai observé les comédiens et le public qui riaient parfois sans que je sache pourquoi !
La table ronde qui a suivi ne m’a pas paru très enrichissante : beaucoup de redites entre les différents intervenants et un peu le même constat (passer par un aspect ludique ou pragmatique pour enseigner les maths).
Ma soirée s’est terminée par le documentaire dont le titre me parle ! J’ai beaucoup aimé la première partie qui est plus en lien avec le thème annoncé par le titre.
Cette journée a été pour moi très intéressante : j’ai vu des gens passionnés qui avaient envie de partager leur amour des mathématiques (j’aurais aimé avoir des profs de maths comme ceux-là !). Je me suis aussi rendue compte que les mathématiques permettaient de voir et d’appréhender le monde autrement. Que ce n’est pas que la discipline laborieuse et sibylline que j’ai apprise à l’école. Que les mathématiques ont à voir avec la philosophie.
Une belle expérience que je referais avec plaisir !
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS