Les dilemmes du jury

Cette partie de notre métier, jauger un travail en vue de l’attribution d’un diplôme, n’est généralement pas celle que nous apprécions le plus.

Par contre, lorsqu’il s’agit de juger des productions de vos élèves pour le concours de la Régionale Île-de-France et de l’IREM Paris Diderot, en vue de primer les meilleurs, le travail est réjouissant. Du moins au début !

Réjouissant car les productions sont variées, inventives, colorées, preuve d’un travail d’équipe réussi, sous la houlette d’un professeur qui a su motiver ses troupes.

Mais au début seulement, parce qu’après, il faut trancher. Et c’est une mission ardue, tant sont nombreuses les productions de qualité. Les différences sont ténues entre une production primée et une qui ne le sera pas. Cela se joue souvent à peu de choses. Finalement on aimerait primer tout le monde !

Lisez l’article de Sylvie Vandevelde dans ce numéro des Chantiers. Vous mesurerez ce qu’il faut d’investissement pour réussir à motiver élèves et collègues dans un projet qui demande du temps et de l’énergie. On sent bien que, quelle que soit la production finale, le travail accompli mérite notre admiration.

Seulement voilà : notre concours est victime de son succès : 30 classes ont participé à l’édition 2017 ! Et aucune n’a démérité. Mais, comme nous tentons de faire une vraie remise des prix à l’ancienne, avec énoncé du palmarès, photos souvenir et animation mathématique pour l’occasion, nous ne pouvons pas récompenser trop de classes. Les grandes concentrations d’adolescents sont difficiles à gérer et, sur le plan matériel, peu de lieux peuvent accueillir un trop nombreux public. C’est donc la mort dans l’âme que nous limitons le nombre des primés à 7 ou 8 classes. Ce qui fait déjà du monde, élèves et accompagnateurs, faites le calcul. Ce faisant, nous avons conscience de prendre le risque de décevoir des enseignants et des élèves qui se sont pourtant impliqués dans la tâche avec ardeur. Et cela nous désole. En même temps, c’est la règle du jeu. Le concours serait peut-être moins motivant, va savoir, s’il n’y avait aucun enjeu.

Alors, années après années, nous attendons avec plaisir mais aussi avec un peu d’appréhension le moment où, grilles d’évaluation en mains, le jury devra trancher. Mais peut-être en nous lisant vous vient-il une idée pour nous aider à résoudre le dilemme du jury ? N’hésitez pas à nous en faire part, à réagir sur la question, à suggérer des modalités différentes pour récompenser les participants. Toutes vos réflexions seront les bienvenues. De même, si en lisant cet édito, il vous vient une idée de lieu parisien disposant d’une salle pouvant accueillir 300 personnes, et ce pour une somme modique et si possible à proximité de la Place Saint-Sulpice (où se tient simultanément le salon des Jeux et de la Culture mathématique), nous vous en serions éternellement reconnaissants !