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Expérience en classe : La pédagogie « inversée »
Article mis en ligne le 24 mars 2014
dernière modification le 9 juillet 2017

par Kristel Gabarra Lazorthe

Pendant les vacances de Noël, en surfant sur Internet, je découvre des articles traitant du sujet suivant : « pédagogie inversée » aussi appelé « classe inversée ».

Le principe de la pédagogie inversée est que l’élève s’approprie la partie leçon à la maison et il reste donc à assurer en classe toute la partie exercice et application de la leçon. Pour accéder à cette leçon, on peut utiliser plusieurs supports, celui expliqué dans l’article est l’utilisation de la vidéo chez eux . Les élèves utilisent des vidéos sur internet qui introduisent les notions à étudier. Pendant le visionnage, ils prennent des notes sur ce qu’ils comprennent, sur les points où ils ont encore des questions. De retour en classe, le professeur répond aux questions sur la leçon et ensuite les élèves font les exercices d’applications.

Cette façon de voir les cours m’a plu et je me suis dit : « Pourquoi ne pas tester ? » Ce que j’ai fait dans une classe de 6e.

Deux problèmes principaux se posent alors :

  • mes élèves sont plus jeunes que ceux cités dans l’article, donc ils sont moins autonomes.
  • chez eux, ils n’ont pas tous accès à internet contrairement à ceux cités dans l’article.

Désireuse de tester cette méthode, je me suis quand même lancée mais cela a demandé des adaptations.

La première étant de palier le manque d’accès des élèves [1] à internet, je dois donc prévoir des photocopies pour eux. Ils doivent ensuite recopier la leçon impérativement sur leur cahier. Ce procédé enlève donc tout le côté vidéo de la méthode, qui me semblait intéressant mais aussi pouvait être un frein à l’apprentissage compte tenu de leur jeune âge. Il faudrait peut être y réfléchir pour voir comment utiliser la vidéo même avec de jeunes élèves.

La seconde portait sur le fond : la méthode proposée « balance » une leçon comme ça aux élèves et à leur retour en classe, ils l’appliquent. Les notions ne sont pas co-construites. Cela est différent dans ma méthode : il y a au préalable une construction de la notion avant de la copier et de l’appliquer (c’est donc pour cela que je ne sais plus trop si je dois l’appeler « pédagogie inversée »).

Mes séances se déroulent la plupart du temps comme ceci :

Séance Séance suivante
Diaporama d’activité mentale
Activité d’introduction de cette notion
Bilan de cette activité qui me permet d’introduire la partie de la leçon traitée ce jour-là.
Exercices d’applications (si on a le temps)
À la maison : copier la leçon
Diaporama d’activité mentale
Reprise de la leçon , questions, schéma, ré-explications…
Exercices d’applications cherchés en classe (je passe dans les rangs)
Correction de ces exercices .

En conclusion je peux dire que mon utilisation de la « pédagogie inversée » réside dans le fait que la copie de la leçon est reportée à la maison pour un gain de temps mais il y a une différence essentielle avec celle-ci : la nouvelle notion est abordée en classe à travers des activités et un bilan. Donc l’élève n’est pas confronté seul à un nouvel apprentissage.

Au bout de 6 semaines, j’ai demandé aux élèves ce qu’ils pensaient de la méthode :

sur 21 élèves interrogés, 19 ont répondu qu’ils appréciaient cette méthode et 2 ont répondu qu’ils n’appréciaient pas.

J’ai donc cherché les raisons. Un des deux élèves est déjà dans un processus de décrochage et c’est très compliqué de le faire travailler depuis le début de l’année donc, pour lui, cela n’a rien changé. L’autre élève n’aimait pas car elle trouvait que c’était trop bruyant et qu’elle n’arrivait pas à se concentrer pour faire des exercices. Il me semble qu’au contraire c’était très calme pour une séance d’exercices mais pas suffisamment pour elle apparemment.

J’ai voulu partager mon expérience avec des collègues. Plusieurs réflexions me sont alors venues.

Tout d’abord le mot : « inversée » cela sous entend qu’actuellement, l’enseignement des mathématiques comme il est fait, ne met pas les élèves en situation d’acteur de leur apprentissage des mathématiques mais plutôt en situation de spectateur.

En formation, j’ai pu rencontrer un collègue qui applique cette méthode pour des chapitres particuliers par exemple : la notion de fonction en 3e. En résumé, il diffuse son cours par vidéo [2] sur Internet, les élèves le regardent et ensuite en revenant en classe ils posent des questions et s’attaquent directement aux exercices sur lesquels le professeur peut apporter son aide.

Peut-être que cette méthode qui sous-entend, une non construction de la notion, s’applique pour des chapitres qui s’y prêtent, notamment ceux avec beaucoup de techniques.

En conclusion, cette méthode me permet de me dégager du temps et d’envisager un enseignement plus personnalisé. Je vois maintenant comment avoir du temps pour les élèves ayant des besoins spécifiques d’apprentissages.

Je ne sais pas si je dois appeler cette méthode « pédagogie inversée », mais elle me satisfait pleinement ainsi que la majorité de mes élèves. Je vais donc la garder, l’améliorer dans son application et l’étendre à d’autres classes pour les années futures.

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°160 mars 2014
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS