Bandeau
APMEP Île-de-France
de la maternelle à l’université

Site de la Régionale APMEP Île-de-France

Hommage à Michèle Artigue
Article mis en ligne le 21 mars 2016
dernière modification le 3 juillet 2017

par Claudie Missenard

Simple et émouvant

Le 28 Janvier dernier, Michèle Artigue, professeur émérite à l’Université Paris Diderot, recevait la légion d’honneur, des mains de Marie-Françoise Roy. On peut craindre de ce genre de cérémonie qu’elle soit totalement formelle et convenue. Ce ne fut pas le cas. Ce fut un moment à la fois tout simple et très émouvant.

Bien sûr Marie-Françoise Roy a retracé la carrière de Michèle, ses nombreuses facettes ainsi que toutes les responsabilités endossées, au niveau local, national et international. Elle a aussi montré son attachement à la cause des femmes en situant cette distinction dans une perspective résolument historique. Nous avons ainsi appris que la première femme ayant reçu cette distinction était une certaine Madame Angélique Duchemin, sergent-chef dans l’armée révolutionnaire (j’ignorais, pour ma part, la présence de femme soldat pendant la période révolutionnaire). Nous avons vu la proportion de femmes augmenter de façon bien ténue dans les rangs de l’ordre, jusqu’à la décision d’instaurer la parité prise en 2008 par le chef de l’état. Nous avons vu que la proportion de civils recevant la distinction avait aussi augmenté au fil des années. Et même si j’ai quelques réticences à accepter le terme de « chevalière » de l’ordre de la légion d’honneur, je me suis réjouie que Michèle femme au profil énergique, mais non guerrier, reçoive une telle reconnaissance.

Avec une grande simplicité, et de ce fait une grande force, Michèle dans sa réponse nous a rappelé les valeurs sur lesquelles elle a fondé son activité professionnelle : travail en équipe, ouverture aux autres, refus des clivages entre mathématiciens et didacticiens, œuvrant avec intelligence aux échanges, à la connaissance et au respect mutuel entre les deux communautés. C’est dans le même esprit d’unité, de partage, d’écoute de l’autre qu’elle a bâti son action au sein de l’ICMI, et qu’elle a mené des projets avec des pays très divers, de l’Amérique du Sud à l’Afrique.

Michèle pense avoir eu de la chance : elle a été parmi les pionniers de l’aventure des IREM, qui restent des lieux étonnants d’échange et de partage (des lieux iconoclastes, a dit Marie-Françoise), et s’est trouvée à l’ouverture d’un nouveau champ scientifique : la didactique des mathématiques. Mais sa réussite doit bien peu aux circonstances. Elle nous a elle-même rappelé, sous couvert de message éducatif à ses petits enfants présents pour l’occasion, que rien n’est donné, rien n’est facile et que sa vie professionnelle a contenu aussi des difficultés, des luttes ou des échecs.

Nous savons, nous, que son remarquable parcours ne doit rien à la chance, mais que ce sont ses qualités propres, son intelligence, son sens des responsabilités, sa disponibilité et son énorme capacité de travail qui lui ont permis de faire avancer sa discipline et lui ont mérité l’estime de tous et les nombreuses distinctions attribuées.

En tant que responsables franciliens de l’APMEP, nous avons souvent fait appel à elle pour s’adresser à nos adhérents ou pour soutenir nos actions. Elle a toujours accepté avec simplicité. Nous nous réjouissons donc que la République reconnaisse aujourd’hui son travail, à travers cette décoration.

Michèle a bien su nous expliquer qu’au-delà de sa personne, ce sont les valeurs et les institutions qu’elle a constamment défendues qui sont honorées. En ces temps d’incertitude forte, un tel rappel fait du bien. Et une cérémonie, qu’on eût pu à tort penser désuète, peut alors prendre pleinement son sens.

article suivant



retour au sommaire

Les chantiers de pédagogie mathématique n°168 mars 2016
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS