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Les figures de l’ombre
Article mis en ligne le 30 mars 2017
dernière modification le 29 juin 2017

par Claudie Missenard

Sorti sur les écrans le 8 mars, journée de la femme, le film "Les figures de l’ombre" ("Hidden figures" dans son titre original, titre du livre de Margot Lee Shetterly ayant inspiré le film) doit intéresser le professeur de mathématiques que vous êtes à plus d’un titre.

Ce film américain, réalisé par Theodore Melfi, retrace la vie et la carrière de trois personnages, vivant en Virginie à la fin des années cinquante. Elles cumulaient tous les handicaps : elles étaient femmes, elles étaient noires, elles étaient pugnaces et elles étaient … douées pour les sciences.

Le film, à travers les destins de Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, lutte efficacement, avec toutes les armes du cinéma hollywoodien, contre plusieurs stéréotypes répandus. Schématiquement : la science, c’est pas pour les femmes, les postes de responsabilité, c’est pas pour les noirs, et les maths ça sert à rien.

Par ailleurs, en nous replongeant dans le climat de l’après-guerre, sur fond de guerre froide, de conquête spatiale et de lutte pour la conquête des droits civiques des Noirs américains, le film nous apprend beaucoup de choses sur cette époque, si proche et qui paraît pourtant si lointaine. En tant que matheux, nous prenons conscience du rôle du calcul dans l’avancée scientifique et technique, en particulier lors de la conquête spatiale, depuis ces "calculatrices humaines" (dont on peine à imaginer l’existence) jusqu’aux ordinateurs qui les ont progressivement assistées puis remplacées. Nous prenons conscience de ce qu’était la ségrégation raciale dans les états du Sud des Etats Unis dans l’immédiat après-guerre. Nous revivons les moments de tension engendrés par la rivalité URSS-USA. Et nous comprenons quel puissant moteur a été cette rivalité dans la conquête spatiale.

Bien sûr, ce film plein de bonnes intentions n’est pas sans défaut. Peut-être trouverez-vous un peu caricaturales les mathématiques, quand elles y sont montrées sous la forme attendue d’un tableau noir rempli à toute allure de signes cabalistiques. Mais l’essentiel n’est pas là.

Ce film est un excellent support pour un travail pluridisciplinaire, mêlant anglais, histoire, sciences physique, technologie et mathématiques. En sus d’aller voir le film à titre personnel, vous pourrez l’utiliser avec vos élèves (fin de collège et lycée). Vous serez aidé en cela par le dossier pédagogique très complet qui a été créé pour accompagner le film par le site zéro de conduite. Ce sera pour certains d’entre vous l’occasion de découvrirce site dédié à l’actualité éducative du cinéma.

Dans le dossier très complet concernant Les figures de l’ombre, vous trouverez tout ce qu’il faut pour répondre de façon documentée à toutes les questions que ne manqueront pas de vous poser les élèves après avoir vu le film. Vous y trouverez tous les repères historiques nécessaires pour mieux appréhender le contexte de ce film. Vous y trouverez ensuite une très intéressante interview de Sylvaine Turck-Chieze, astrophysicienne et présidente de l’association Femmes et Sciences. Enfin, le dossier comporte des suggestions d’activités en mathématiques, en lien avec le film, et s’adressant à des élèves de troisième/seconde.

Le cinéma s’est intéressé ces dernières années, aux mathématiques dans différents registres. Il y a eu "Comment j’ai détesté les maths". Il y a eu "Imitation game", autour d’Alan Turing. Voilà maintenant "Les figures de l’ombre". Ce sont autant d’occasions de réfléchir avec vos élèves sur d’autres aspects de la discipline que vous leur enseignez jour après jour. Ce serait dommage de passer à côté.

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°172 mars 2017
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