Bandeau
APMEP Île-de-France
de la maternelle à l’université

Site de la Régionale APMEP Île-de-France

Navadra en classe
Article mis en ligne le 25 juin 2017
dernière modification le 29 juin 2017

par Germain Roussas

Présentation

Navadra est un jeu de rôle multijoueur en ligne (RPG) où les élèves peuvent s’inscrire et répondre à des défis mathématiques pour progresser à leur rythme et en fonction de leur niveau.

À la première connexion, l’élève est plongé dans une vidéo de motivation puis dans la création de son personnage (Dans cette étape de customisation, il aurait pu être intéressant d’ajouter des caractéristiques mathématiques à l’apparence du personnage ou du jeu). Ensuite, vient l’apparition d’un tutoriel permettant de comprendre le fonctionnement du jeu. L’univers est coloré et attrayant. Quatre types de magie se profilent : celle du feu (nombres et calculs), de l’eau (gestion de données et fonctions), du vent (géométrie) et de la terre (grandeurs et mesures).



Les élèves ont à leur disposition deux modes de jeu :

  • « Les défis » avec, à chaque fois, une dizaine de questions mathématiques qui permettent :
    • que le personnage monte de niveau
    • de gagner des « pyrs » (la monnaie du jeu)
  • « Le combat » où le joueur choisit des sorts (trois parmi cinq) qu’il a acheté avec ses « pyrs » pour les utiliser pour réussir à combattre un monstre. Le succès de l’utilisation du sort dépend de la réponse à une question mathématique proposée. A la fin du combat, le joueur gagne ou perd des points qui correspondent au « prestige » (ces points permettent de comparer les joueurs entre eux et se réinitialise tous les mois)






Chaque défi se fait dans un thème précis (que l’élève choisit) et le nombre de défis à effectuer par jour est volontairement limité pour que les élèves s’entraînent avec régularité. On peut aller au-delà de cette limite car le jeu est prévu pour organiser des sessions en classe.

Les questions sont assez similaires à celles de certaines banques d’exercices en ligne (Euler, Wims, Labomep...). Navadra est peu personnalisable car les exercices sont déjà choisis en fonction du niveau d’inscription de l’élève et des thèmes ce qui en simplifie un peu la configuration.

L’enseignant choisit principalement un thème.

Navadra a l’avantage de proposer des exercices en fonction de la classe des élèves et de graduer le niveau de difficulté en fonction des réponses fournies par l’élève dans les différents thèmes.

La progression en terme de niveau est explicite car elle est indiquée à l’élève après chaque accomplissement d’un défi.



Dans la classe

Lorsqu’on s’inscrit en tant qu’enseignant, on peut atteindre l’espace professeur. Il n’est pas évident à trouver dans un premier temps mais une vidéo à l’attention des enseignants a été publiée pour expliquer le fonctionnement de cet espace. Il n’est pas très différent de l’espace élève à l’exception d’un onglet « commandes profs » ajouté pour gérer et suivre ses classes.

L’espace professeur permet d’inscrire ses classes via un bouton « gérer mes classes ».

Un code est généré pour chaque classe pour un effectif donné à l’avance (peut-être pour éviter les inscriptions indésirables et abusives) et les élèves indiquent leur code classe lors de leur inscription.

On peut ensuite programmer des séances d’une heure en classe avec un nombre illimité de défis à accomplir par les élèves sur des thèmes précis. J’ai testé une séance avec deux à trois élèves par poste sur le thème de la proportionnalité, des pourcentages et des triangles particuliers.

La limite de temps lors des défis implique beaucoup les élèves car ils sont plusieurs à réfléchir sur la même question et s’entendent pour y répondre le plus vite possible, ils discutent entre eux du moyen de résoudre les exercices le plus efficacement possible en adoptant des stratégies et ne perdent pas de vue la jauge de temps.

 

Une interface de suivi des élèves est disponible et permet de connaître le nombre de fois où la notion a été pratiquée, les notions maîtrisées, fragiles ou en difficulté et depuis combien de jours la notion a été pratiquée.



Quelques désavantages

Navadra n’est pas encore développé sur les appareils mobiles. On regrette que lors de ces sessions, les élèves aient trouvé les exercices parfois un peu répétitifs au risque de se lasser même s’il s’agirait d’un moyen de faire acquérir des automatismes et de valoriser les élèves lorsqu’ils ont réussi après de nombreuses tentatives infructueuses.

Quelques feedbacks s’affichent, notamment parfois, des rappels de cours. Il aurait pu être intéressant d’accorder aux élèves des bénéfices quant à la lecture de ces feedbacks (ou bien d’essayer d’en contrôler la lecture de manière ludique et valorisante). Bien que le design soit assez coloré et captivant.

Les mathématiques sont, dans l’aspect du jeu peu apparentes (est-ce pour que les élèves fassent des mathématiques sans s’en rendre compte ?)

L’outil est peu personnalisable même si cette considération peut en constituer un avantage car l’outil ne nécessite que peu d’intervention et de configuration côté enseignant.

Les nouveaux programmes ne sont pas tellement pris en compte, on ne voit pas apparaître d’exercices d’algorithme et programmation ni d’exercices liés aux transformations du plan (homothéties, rotations)...

Une plateforme de communication a été mise à disposition pour la communication élève-élève ou élève-professeur mais je n’ai pour l’instant trouvé aucun moyen de la désactiver.

Il aurait pu être intéressant d’intégrer à l’outil des énigmes ou défis mathématiques plus ouverts. Les exercices proposés, bien qu’ils soient intéressants sont encore très applicatifs et laissent peu de place à la recherche...

Hors de la classe : l’avis de la documentaliste

Les élèves se connectent chez eux ou au CDI. La documentaliste de mon établissement a aussi reçu un mel des concepteurs du jeu et constate que beaucoup de 6ème se connectent sur leurs heures libres sur des tranches d’une demi-heure pour la majorité, 3⁄4 d’heure ou plus pour quelques-uns.

Les 4èmes eux, s’entraînent davantage chez eux. On remarque que comme pour les BEL, les élèves se connectent fréquemment après des séances consacrées au jeu en salle informatique ou des séquences d’activité rapides en classe où on répond collectivement à des questions sur Navadra.

L’outil a eu moins de succès dans mes classes de 3ème (quelques élèves y adhèrent mais c’est une réelle minorité), les élèves étant peut-être préoccupés par des révisions suivies davantage à l’aide d’un outil testé , rassurant et sécurisant pour la préparation au DNB que par un nouvel outil de révision alternatif.

Hors de la classe : avis des élèves

Lors d’une discussion avec une élève, la première remarque faite le jeu est qu’elle était en terrain connu, ce jeu ressemble à un jeu connu et les modalités de connexion y sont similaires ainsi qu’à celles permettant de se connecter à un espace numérique de travail.

Elle a trouvé que l’esthétique et le mode de fonctionnement du jeu (rapidité, dessins...) sont captivants.

Après la séance test effectuée en classe, elle souhaiterait utiliser Navadra lors de son temps libre pour éviter l’ennui mais davantage à la maison qu’au CDI. Elle trouve qu’il n’y a pas assez d’aides proposées pour résoudre les exercices.

Évolution de l’outil

Une question se profile tout de même : Comment l’outil évoluera au niveau de sa mise à disposition auprès des établissements ?

Navadra a été développé à l’aide de fonds provenant d’une plateforme de financement participatif. Cet outil restera-t-il gratuit pour les enseignants et les élèves ?

S’agit-il pour l’instant d’une version "beta" permettant de récolter gratuitement les avis des utilisateurs tout en essayant de diffuser l’outil le plus largement possible en usant d’une opération de communication multi-supports ?

Est-ce que cet outil sera intégrable aux ENT (Espaces numériques de travail) des établissements ?

Les développeurs proposeront ils un moyen de promouvoir l’outil à l’intérieur des établissements ?



article suivant



retour au sommaire

Les chantiers de pédagogie mathématique n°173 juin 2017
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS