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Un club maths au collège
Article mis en ligne le 7 avril 2024
dernière modification le 6 avril 2024

par Lydie El-Halougi

S’amuser avec les maths

Je n’ai pas toujours aimé les mathématiques… Durant ma scolarité, j’associais la matière aux problèmes de robinets qui fuient puis à des séries de calculs d’entraînement… Jusqu’en 3e !

J’y ai découvert un aspect des maths que je ne connaissais pas :

J’ai adoré chercher les exercices, en discuter avec mes amis ensuite, reproduire les figures géométriques des livres : à partir de cette année, j’ai aimé les mathématiques et très vite décidé que je voulais partager tout cela en étant moi-même enseignante.

D’ailleurs, une fois le CAPES en poche, je me suis constitué une bibliothèque de fond de classe, avec la Géométrie pour le Plaisir, des annales du Championnat, et les romans dont je disposais autour des mathématiques (le théorème du perroquet, etc). Petit à petit, j’ai enrichi ma petite bibliothèque de fond de classe. Les élèves pouvaient emprunter un livre lorsqu’ils avaient terminé le travail demandé, ou pendant les vacances.

Très vite, j’ai également proposé à mes collègues de faire participer nos élèves à des concours mathématiques.

J’étais très heureuse de voir que les élèves appréciaient ma petite bibliothèque, mais pas entièrement satisfaite : les élèves les plus en difficulté avaient rarement l’occasion d’en profiter.

 

Le club : premiers pas

 
J’ai alors décidé d’ouvrir un club Rubik’s cube, en me disant que j’allais apprendre en même temps que les élèves. Et, à ma grande surprise, les élèves sont arrivés nombreux et de niveaux très variés dans la résolution du Rubik’s cube ! Spontanément, les plus à l’aise ont aidé les débutants, dans une ambiance joyeuse et détendue. Je me suis procuré d’autres puzzles du même type pour que les plus forts aient aussi à chercher. Même s’ils avaient appris par cœur une méthode pour le Rubik’s cube classique, il leur a fallu décortiquer les étapes pour les adapter à d’autres formes. Pas simple ! Et une démarche très mathématique !

En même temps, je proposais des puzzles et des énigmes au tableau : tout ce petit monde, plus ou moins à l’aise en mathématiques, s’y attelait avec joie tout en travaillant sur ses cubes.

 

Les sacs à maths : une découverte qui a changé beaucoup de choses

C’est à cette période que j’ai fait la connaissance d’Houria Lafrance, présidente de l’association Les Maths en Scène, et de son dispositif sacs à maths. Il consiste à prêter dans les familles, pour une durée de deux semaines, un sac contenant au moins un livre, un jeu, et une activité d’algorithmique. Au fil des années, j’avais acquis suffisamment de matériel pour constituer une dizaine de sacs, tout en maintenant le club Rubik’s cube. Les élèves ont tout de suite validé l’action, notamment les 6e, très demandeurs ! J’ai alors réalisé que c’était ce qui me manquait jusqu’à présent : en classe, le travail est souvent répétitif, afin d’instaurer des automatismes. Les maths plaisir, ce n’était pas encore une activité familiale : les sacs à maths permettent de diffuser la culture mathématique et développent le plaisir de jouer avec les maths dans le cocon familial.

Les puzzles et énigmes plaisaient tellement que j’ai décidé de leur consacrer un temps spécifique : le club maths, que j’ai ensuite fusionné avec le club Rubik’s cube. Quelques jeux, des livres, les énigmes et puzzles, de l’origami : les élèves viennent et choisissent ce qu’ils veulent faire. Ils se sont très vite appropriés ce moment et piaffent d’impatience devant la porte en attendant l’ouverture du club !

J’étais très étonnée et déçue qu’ils ne prennent pas de livre. Alors j’y ai réfléchi, et j’ai remarqué qu’aucun élève ne reste tout seul pendant le club : ils jouent ensemble ou cherchent à plusieurs, tous niveaux confondus. Logique, donc, qu’ils ne se dirigent pas vers une activité solitaire ! Les livres gardent heureusement toute leur place : au collège, pour le quart d’heure de lecture, et dans les familles, via les sacs à maths.

 

Un financement tombé à point !

L’année dernière, lors de la réunion des labomaths, alors que chacun mentionnait le budget alloué ou les acquisitions du labo, je me suis sentie bien pauvre pour mes élèves, avec mes petites acquisitions personnelles que je partageais. On nous a alors parlé du CNR éducation [2] pour financer les projets pédagogiques. Nous avons alors constitué un dossier dans mon collège : cela a pu être rapide puisque les concertations avaient déjà eu lieu au labomaths ! Club, sacs à maths : de nombreux enseignants étaient partants dans mon collège, mais aussi dans les écoles du secteur et le lycée ! Seulement voilà : ils n’avaient pas de matériel et pas de budget pour en acquérir.

Notre projet a rapidement été validé, et les fonds nous ont permis, en quelques mois, d’avoir suffisamment de matériel pour organiser des clubs maths et le prêt de sacs à maths dans toute la ville !

De mon côté, je dispose désormais d’une offre variée de jeux pour mes élèves, autour des mathématiques.

 

Le club maths, un moment qui fait tellement de bien !

Les élèves viennent de plus en plus nombreux et de plus en plus souvent, pour s’amuser avec leurs amis. Le club maths, c’est un joyeux tourbillon de recherche de stratégies, de problèmes, de calculs : de la 6e à la 3e, qu’on soit à l’aise ou pas en cours de maths. Peu importe, on vient s’amuser, et tout le monde se mélange !

 
Petit à petit, les élèves les moins sûrs d’eux quittent le confort des activités qu’ils maîtrisent bien pour en tester de nouvelles et prennent le temps de chercher. S’ils ne trouvent pas ? Ce n’est pas grave, ce n’est qu’un jeu ! Ils réessaieront la prochaine fois !

Pour répondre à la demande, la salle reste ouverte durant les récréations : les récrémaths sont très appréciées aussi, même si le temps est limité.

Au fil du temps, les élèves prennent confiance en eux et chacun apprend des autres, tout en s’entraînant en calcul, en repérage, en résolution de problèmes…

J’ai décidé de laisser un accès libre aux activités pour les élèves, mais il existe également, suivant les établissements, des clubs maths à thème, ou alors avec des travaux dirigés.

C’est ce qui est génial avec le club maths : cette liberté ! Aussi bien pour les élèves que pour les enseignants : on peut y proposer ce qu’on veut. Les élèves y trouvent leur compte, mais les enseignants aussi : quelle joie de voir ces élèves heureux de s’amuser avec des maths !

C’est vrai que c’est un moment en plus des heures de cours, et parfois, je suis fatiguée et j’ai juste envie de faire une pause tranquille avant de reprendre les cours. Mais quand je vois les élèves à la porte, impatients et les yeux brillants… ça va mieux ! La fatigue est oubliée, c’est une bulle à part !

J’ai longtemps hésité à ouvrir un club maths : j’avais peur que les élèves ne viennent pas, ou qu’ils soient déçus, qu’ils en profitent pour faire autre chose. Il aurait suffi qu’on me dise que les enfants seraient contents de venir jouer !

Si vous hésitez, je vous le dis : n’attendez plus et lancez-vous ! Vos élèves seront ravis… et vous aussi !

 



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Les chantiers de pédagogie mathématique n°200 avril 2024
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS