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Les « Étincelles du Palais de la découverte »
Article mis en ligne le 24 janvier 2022
dernière modification le 11 août 2023

par Robin Jamet

Des travaux au Grand Palais

Le Palais de la découverte a fermé en octobre 2020 pour travaux. De très grands travaux, puisque le Grand Palais dans son ensemble a été vidé, et va être remis à neuf. Date prévue de réouverture pour la partie Palais de la découverte : printemps 2025 !

Les équipes travaillent d’ores et déjà sur ce futur Palais, et continuent à accueillir du public dans un lieu spécialement conçu pour : les « Étincelles du Palais de la découverte », dans le 15e arrondissement de Paris.

 

les « Étincelles du Palais de la découverte »

Faire vivre l’esprit du Palais de la découverte dans un bâtiment de quelques centaines de mètres carrés, c’est une gageure ! Il a donc été décidé de n’y placer que ce qui fait la spécificité reconnue par tous du Palais : les exposés et les ateliers, sans aucune exposition. Trois salles d’exposés à se partager entre six disciplines (chimie et géosciences, physique et informatique, biologie et mathématiques), plus un planétarium.

Pour beaucoup de disciplines, il a fallu réaliser le difficile exercice de faire entrer dans une seule salle le matériel de plusieurs salles d’exposés, liées à tous les thèmes qu’ils abordaient avant : électrostatique, acoustique et changement d’état (entre autres) doivent ainsi cohabiter en physique sur une même paillasse, bien remplie !

L’avantage des mathématiques est que nous n’avions déjà qu’une seule salle d’exposé, à regrouper uniquement avec une salle d’ateliers. Défi moins important, mais pas nul, nous le verrons…

Entre découverte de nouvelles offres possibles et contraintes, erreurs à ne pas reproduire à inspiration pour le futur, voici un bilan après quelques mois d’utilisation...

 

Un public volontaire et « captif »

Première différence, de taille, avec l’offre que nous pouvions proposer au palais : l’absence d’expositions et la taille du bâtiment imposent que le public réserve uniquement pour des exposés d’une heure, auxquels il assiste de bout en bout. Nous ne sommes plus l’offre principale, mais la seule offre ! Flatteur mais angoissant : plus question de personnes qui peuvent partir en cours de route si le contenu ne leur convient pas, plus de passage "pour voir" sans bien savoir ce qui se passe dans cette salle... Une question presque entièrement nouvelle se pose à nous, pour le meilleur et pour le pire : « qu’est ce que le public vient chercher ? » Et sommes-nous bien sûr que c’est ce que nous pouvons et voulons offrir ? Quid des différences de style, de niveaux que nous revendiquons, d’un médiateur à l’autre, d’un public à l’autre ?

Cette contrainte crée par ailleurs des frustrations très nettes : impossible d’"accrocher" au passage, comme nous le faisions souvent, un public qui n’avait pas prévu de venir entendre parler de mathématiques. Impossibilité ou presque de discuter de façon informelle avec quelques personnes en fin d’exposé, ou alors très rapidement. En effet, l’exposé suivant a lieu 20 minutes plus tard, les temps de rangement de de préparations sont donc comptés...

 

Un public plus jeune

Est-ce lié au lieu ? À la communication ? Au type d’offre proposé ? Nous avons pour l’instant, dans notre "grand public" un public presque exclusivement composé d’enfants ou d’adolescents accompagnés d’adultes. Dans les explications probables : beaucoup d’offres des autres disciplines sont destinées à un public plus âgé, le public familial se tourne donc naturellement vers les offres qui leur sont ouvertes. Les adultes sans enfant craignent peut-être de leur côté une offre destinée avant tout aux enfants puisque affichée "à partir de 9 ans"...

Nous recevions évidemment beaucoup ce type de public au palais, mais il y avait également de nombreux adultes, jeunes ou moins jeunes, qui n’avaient pas besoin de "prétexte" pour venir nous voir. Le public est sans doute plus homogène ainsi, ce qui facilite la tâche en exposé, mais nous pouvons ressentir une certaine frustration de ne plus pouvoir, parfois, aborder des sujets un peu plus difficiles, ou creuser d’avantage certaines notions. Pour tenter d’attirer plus adultes à certains exposés, nous envisageons de remplacer une partie de nos exposés, "promenade dans les mathématiques" et ouverts dès 9 ans, par des exposés "randonnée dans les mathématiques", toujours aussi libres sur le thème, mais clairement affichés comme étant destinés à un public plus averti... à suivre !

 

Un cabinet de curiosités mathématiques

Enfin nous l’avons !... Les coulisses de la salle $\pi$, dans laquelle nous faisions nos exposés, se remplissaient toujours plus d’objets que nous pouvions montrer en exposé. Objets à visée pédagogique ou objets insolites, dont le lien avec les mathématiques n’est pas évident. Sur chacun d’entre eux, nous pouvons plus ou moins broder un bout d’exposé, voire parler des heures. Nous avons eu l’occasion, pour l’aménagement de ce lieu temporaire, de réaliser une sorte de prototype de ce dont nous rêvons pour le Palais 2025 : un cabinet de curiosités mathématiques dans lequel tous ces objets sont à vue du public (à terme, nous aimerions également qu’un maximum soient manipulables), pour susciter la curiosité, avoir instantanément une image des mathématiques élargie par rapport aux mathématiques vues dans l’enseignement, nous inciter à nous renouveler, à aborder de nouveaux sujets d’exposé... L’idée est de susciter également des questions lors des exposés, de faire en sorte que nos "promenades" puissent être des sortes d’improvisations à partir des questions que le public se poserait sur ces objets.

Pour l’instant, le bilan est mitigé : certes le public a très souvent de nombreuses questions, et est intrigué. Une nouvelle forme d’exposé a vu le jour naturellement : le "multi mini-exposés", quand le public pose "trop" de questions sur des sujets divers. Amusant, vivant, mais avec un contenu nécessairement léger. De plus, certains objets, comme les coniques, ont une présence bien sûr justifiée, mais pas toujours évidente à mettre en valeur facilement pour un public aussi large. Bien sûr, il y a une différence notable avec ce que nous envisageons pour 2025 : le public n’est là que pendant l’exposé, il ne peut donc pas s’approcher, manipuler, se poser des questions avant l’exposé. Mais notre liste d’objets à présenter va sans doute évoluer au fur et à mesure de ces tests en grandeur nature.

 

Une grande salle d’atelier et d’exposé

Nous avons tenu à poursuivre les deux grands piliers de notre offre : les exposés, déjà évoqués et les "récréations mathématiques", les ateliers dans lesquels nous mettons notre public dans une position de recherche. Mais... nous n’avons qu’une seule salle pour accueillir le public ! Nous avons donc des tables dans notre salle d’exposé, ce qui n’est jamais très confortable ni pour nous ni pour le public, qui doit se tourner dos à la table pour nous suivre. Autre caractéristique vite gênante : cette salle est grande (100 m²). Trop grande. Les objets que nous montrons au public, de la planche de Galton au ruban de Moebius, ne sont plus visibles par tous en même temps. De même, notre échange avec le public, et des personnes du public entre elles ne se fait plus aussi bien, l’acoustique étant bien plus difficile que dans notre salle $\pi$.

C’est une vraie perte, et cette constatation, que nous n’avions pas anticipée, nous donne des idées importantes d’erreurs à ne pas commettre pour la future salle de maths à concevoir pour 2025.

Cette fusion des deux salles est en revanche également une occasion d’utiliser le matériel "d’exposé" en atelier et vice versa. Il est ainsi possible de faire manipuler le public confortablement pendant un exposé. Et cette option s’avère très intéressante, pour réveiller l’attention d’un public, le pousser à réfléchir. De même, une petite pause "exposé" pendant un atelier à partir d’un objet du décor offre une respiration parfois bienvenue. Ce mélange des deux activités dans une même salle, si elle nous semblait d’abord une contrainte plutôt négative, a déjà montré tout un potentiel qui ne demande qu’à être creusé !

Entre les contraintes d’organisation et sanitaires, une "nouvelle offre" pour le grand public est apparue, réservée jusque là aux scolaires. Au lieu de proposer nos habituelles "récréations mathématiques", assortiments de problèmes variés, parmi lesquels le public peut choisir celui qui l’intéresse, et en changer quand il le souhaite, nous proposons désormais la plupart du temps un même problème à l’ensemble du groupe, qui arrive en même temps et partira en même temps. Avantage : nous pouvons vraiment nous permettre de laisser chercher les gens sans craindre qu’ils s’en aillent en court de route sans avoir compris l’intérêt de ce que nous proposons. Inconvénient : un "grand public" risque d’être, bien plus souvent qu’une classe, un groupe extrêmement hétérogène, dans lequel certains vont trouver, comprendre beaucoup plus vite que d’autres. L’expérience semble tout de même montrer que ces séances sont plutôt agréables pour tous, tant que nous veillons à alimenter les plus rapides.

Bref, ce changement de lieu, d’organisation, nous chamboule, nous frustre sur bien des points, mais nous fait également plaisir, et surtout nous donne énormément à réfléchir pour préparer au mieux notre futur Palais. Si vous voulez venir nous voir, nous prendrons bien évidemment toutes vos réflexions, idées, commentaires avec plaisir, et si nous n’avons pas le temps à cause de l’exposé suivant, ce sera dehors !

 

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°191 janvier 2022
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS