par Le Comité de la Régionale
À l’heure où vous lirez cet éditorial, la semaine des maths 2018 sera terminée. Beaucoup d’entre vous auront profité de ce coup de projecteur annuel sur notre discipline pour monter des projets, faire participer leurs élèves aux nombreuses manifestations proposées, associer les parents d’élèves, mettre en lumière toute la mouvance autour des mathématiques scolaires et périscolaires. Chacun aura travaillé à son échelle à améliorer l’image, souvent malmenée, de notre discipline.
Pourtant, ce rendez-vous joyeux des mathématiques aura eu lieu cette année sur une trame de fond particulière. Une réforme du lycée et du baccalauréat, particulièrement innovante, est actuellement en discussion et le monde enseignant attend avec une certaine inquiétude les décisions émanant des responsables politiques.
L’APMEP réfléchit comme toujours avec la plus grande attention et le recul nécessaire, aux propositions faites et à l’avenir de l’enseignement des mathématiques dans le contexte annoncé. Sans tomber dans une opposition systématique ou un corporatisme stérile, l’APMEP se doit d’analyser la place faite à notre discipline dans un système qui serait soumis à un profond remaniement. Et de veiller à ce qu’elle ne soit pas trop maltraitée.
Le bureau de notre association a entamé sa réflexion autour de ce qui n’est actuellement qu’une proposition. Nous ne saurions trop vous conseiller de vous rendre souvent sur le site de l’APMEP nationale pour y lire les analyses et réactions proposées et faire part de vos remarques, positions, commentaires, en les postant sur le forum du site national ou en passant par notre régionale ou ses représentants au Comité National.
Lisez aussi, en ligne ou sur papier, l’éditorial de notre présidente dans ce qui est le dernier numéro "vert" de notre Bulletin. Elle y souligne la nécessité de continuité et de cohérence, pour les enseignants comme pour leurs élèves. Et l’importance de laisser le temps nécessaire aux apprentissages, denrée qui manque souvent dans la course poursuite que sont nos années scolaires.
Cette nécessité du temps long est hélas à l’opposé du souci des politiques. Et on serait tenté de se dire que ce n’est malheureusement pas notre courte semaine de mise en lumière des mathématiques qui peut changer la donne.
Cependant, il y a des actions qui parient sur la durée et qui contribuent à changer la vision de nos concitoyens. Beaucoup de nos concitoyens aiment les maths et résoudre des problèmes sous forme de jeux. Des projets fusent un peu partout tels que la construction de "maisons des maths" dans diverses villes de France, le Salon de la Culture et des Jeux Mathématiques, devenu une institution, ou des initiatives plus locales telles MathGic’ ou le festival Maths en Ville…
Enfin, le monde politique, à travers la Mission Mathématique confiée à Cédric Villani et Charles Torossian, aura compris la nécessité qu’il y a à se pencher vite et avec efficacité sur la restauration de notre enseignement des mathématiques. Les auteurs de ce rapport ont fourni un gros travail, avec honnêteté et rigueur, interrogeant aussi bien des acteurs de terrain à tous les niveaux que des chercheurs, des didacticiens, des représentants d’associations et d’institutions réfléchissant depuis toujours à l’enseignement des mathématiques.
Ce travail analyse les difficultés, sans se voiler la face, et propose des pistes de remédiation, dans l’ensemble réalistes mais aussi ambitieuses et impliquant des changements de regard profonds, comme par exemple l’idée de favoriser bien davantage le travail d’équipe dans les établissements, idée à laquelle l’APMEP adhère fondamentalement, mais qui n’est pas répandue partout, loin s’en faut…
Le monde politique a entre les mains, à travers ce rapport, un outil pertinent pour comprendre et tenter d’endiguer la dégradation, mesurable à l’heure actuelle, des capacités mathématiques des citoyens de demain.
Bien sûr, l’impulsion peut et doit venir d’en haut, mais seule l’implication forte de tous les acteurs de terrain, autrement dit nous-mêmes, permettra de redresser le cap.
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS