par Sébastien Planchenault
Depuis la Conférence nationale des élèves en 2014 de nombreuses formations ont vu le jour sur la question de l’évaluation. Avec la réforme du collège, la volonté d’évaluer autrement a clairement été affichée mais que signifie évaluer ? Quand et comment peut-on évaluer ? Je vais ici essayer de faire un bref état des lieux du rôle de l’évaluation et vous rapporter les éléments de réponse que j’ai pu obtenir lors du congrès de la CORFEM à Bordeaux.
L’enseignement des mathématiques concourt à la formation intellectuelle, professionnelle et citoyenne des élèves. Le professeur a toute liberté pour organiser cet enseignement mais il doit veiller à atteindre les objectifs des programmes. Dans ce cadre, l’enseignant a pour mission d’informer les élèves ainsi que leurs familles des progrès réalisés, du degré d’acquisition des savoirs et des compétences, puis de valider l’ensemble de ces acquis lors des différentes évaluations. Ces évaluations lui permettront également de mesurer la portée de son enseignement et de vérifier s’il est adapté au public dont il a la charge. Néanmoins, elles ne sauraient se limiter à un contrôle noté des performances des élèves. De par sa nature même, cette pratique ne pourrait qu’alimenter des logiques de comparaison et de classement incitant à relativiser l’importance des objectifs d’apprentissage fixés par les programmes.
La difficulté de l’évaluation d’aujourd’hui est bien là. Comment l’évaluation peut devenir indicateur de progrès et non pas élément de comparaison ou de classement ? Chaque individu est capable d’apprendre mais le rythme de chacun est différent. Pour cela, les évaluations doivent donc être variées selon que l’on souhaite apprécier le niveau de l’élève sur un thème précis afin d’élaborer une stratégie d’apprentissage ; aider l’élève à apprendre, tout au long du processus d’apprentissage, en encourageant sa progression et en valorisant ses efforts ; valider un parcours de formation en réalisant un bilan des acquis de l’élève. Mais ces différentes formes complémentaires d’évaluation ne doivent pas se contaminer les unes les autres, et encore moins se mélanger.
Les modalités d’évaluation doivent donc être adaptées aux différentes formes d’apprentissages mises en jeu. Elles sont diversifiées tant dans l’objectif que dans la forme (expérimentales, écrites, orales ou informatisées, individuelles ou collectives…). L’objet évalué est défini selon le type d’acquis que l’on souhaite mesurer chez l’élève.
Nous avons beaucoup entendu parler d’évaluation bienveillante mais qu’entendons-nous par cela ? Faut-il adapter les contrôles ? Faut-il la fin de la constante macabre ? Faut-il rendre les évaluations faciles et abaisser le niveau d’exigence ? Et bien oui et non. Lorsque l’on parle de constante macabre on parle de note et du fait que nous avons tendance à avoir une courbe de Gauss centrée sur la note 10 mais nous sommes encore sur une comparaison des résultats des élèves et nous en oublions l’objectif de l’évaluation qui est d’indiquer à l’élève où il en est dans ses apprentissages. Baisser le niveau bien évidemment que non, ce n’est pas l’objectif d’une évaluation dite bienveillante. L’évaluation bienveillante consiste à mettre l’élève au cœur de son évaluation et de le rendre acteur de son évaluation. Celle-ci doit lui permettre de prendre conscience des progrès à réaliser et de se situer au niveau de ses apprentissages. L’évaluation est donc un outil d’apprentissage. Pour évaluer autrement, vous pouvez mettre en place les cahiers de suivi, le contrat de confiance, l’évaluation à la carte, l’évaluation différenciée, etc.
Moi j’ai choisi de faire un mixte entre l’évaluation à la carte et l’évaluation par contrat de confiance. Je vais proposer des dates d’évaluations aux élèves en début d’année avec la possibilité pour chacun de choisir les thèmes des exercices évalués. Chaque élève pourra composer son évaluation mais il ne peut choisir que deux fois le thème une fois celui-ci considéré comme acquis par l’enseignant. Tous les thèmes doivent être choisis au moins deux fois. Mais afin de rendre le travail plus pertinent je propose, une semaine avant l’évaluation, une séance de préparation pendant laquelle on reprend les exercices sur les différents thèmes afin de faire acquérir les notions aux élèves. Lors de cette séance, je leur propose de réaliser des antisèches, de faire des exercices types, de réaliser des cartes heuristiques, des cartes flash, de travailler sur exerciseur, de travailler à partir de jeux, etc.
« Dis-moi ce que tu évalues, je te dirai ce que tu enseignes ». Citation de Claudine Garcia Debanc.
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