Par un pluvieux soir de Novembre, les participants français aux différentes Olympiades Internationales étaient fêtés à l’Institut Henri Poincaré. Cette cérémonie, deuxième du genre, avait pour but d’inviter ces jeunes scientifiques à se sentir chez eux dans ce célèbre Institut qui accueille, bien sûr, des mathématiciens et physiciens de haut niveau, mais héberge en parallèle de nombreuses associations en lien avec les mathématiques (Animath, Femmes et mathématiques, SMF…) et accueille en particulier nombre de manifestations de l’APMEP.
Étaient présents aux côtés des jeunes lauréats, outre parents et enseignants, des représentants des Inspections Générales de Mathématiques et de Physique et des acteurs du monde associatif. Les chantiers de pédagogie mathématiques avaient bien sûr dépêché un de ses reporters pour couvrir l’événement !
Et quoi de mieux pour se remonter le moral dans les périodes d’incertitude que ce moment en compagnie de ceux qui seront les chercheurs de demain (le parcours de ces jeunes permet de le penser), accueillis (presque) comme des pairs par de brillants représentants de la recherche d’aujourd’hui. La soirée avait été organisée par Roger Mansuy, qui consacre une part importante de son énergie à tisser des liens entre l’IHP et le reste du monde, en particulier le monde de l’enseignement.
Les maîtres des lieux, Jean-Philippe Uzan et Cédric Villani ont accueilli leurs jeunes invités dans une ambiance tout à la fois détendue et chaleureuse. Cédric a présenté les nombreux liens tissés par l’institut ; en particulier il a évoqué le chantier du futur musée des mathématiques, espéré à l’horizon 2020 sur le campus Curie, une immense chance pour les enseignants d’Île-de-France (et au-delà).
Les physiciens ont ouvert la cérémonie. Jean-Philippe Uzan et Cédric Villani ont questionné les 5 jeunes gens qui ont représenté la France à Zurich, aux Olympiades Internationales de Physique (IPho) lors des deux épreuves, l’une théorique, l’autre expérimentale de cinq heures chacune. Chacun a évoqué son expérience, notamment en énonçant ses préférences entre épreuve théorique et conduite expérimentale, avec une franchise désarmante. Les responsables de la préparation nous ont expliqué les procédures de sélection : 350 candidats passent un premier test au contenu varié, il en est retenu deux groupes de 12 qui participent chacun à un stage d’une semaine au sein des ENS de Cachan et Ulm, centré sur les travaux pratiques. Un petit examen, à l’issue du stage, permet de retenir parmi eux les 5 représentants de la France.
Ensuite, place aux matheux. Quatre jeunes étaient présents parmi les sept ayant représenté la France cet été à Hong Kong aux Olympiades Internationales de Mathématiques (IMO). Parmi eux, plusieurs multirécidivistes, ayant à leur actif plusieurs participations. Chacun a pris la parole et répondu avec simplicité et aisance aux questions des maîtres de cérémonie. Martin Andler a pris la parole au nom d’Animath pour décrire les modalités de recrutement et la préparation. Il a signalé l’aide apportée par le Ministère, ainsi que celle de Capmaths, dont les subventions permettent d’organiser le déplacement de l’équipe et l’organisation de la préparation. Stage d’été, test en début octobre, travail à distance par correspondance, stages à la Toussaint et en Février, une préparation intensive, sous l’égide de l’Olympiade Française de Mathématiques qui œuvre au sein d’Animath. Préparation qui porte ses fruits. Parmi ces jeunes, il se dit qu’on a trouvé trois premiers ex-æquo au concours général… Au dire d’un des lauréats, habitué de l’IMO, en 2014 l’équipe française avait eu ses pires résultats depuis 10 ans, en 2015 ses meilleurs depuis 20 ans et l’année 2016, avec deux médailles d’argent et quatre de bronze, elle se situe dans une très honorable moyenne. Signalons aussi que c’est parmi ces jeunes mathématiciens que l’on trouve la seule jeune fille présente parmi les lauréats, Lucie Wang qui a deux participations à l’IMO à son actif.
Les informaticiens ont à leur tour gagné le devant de la scène pour nous parler de leur participation aux Olympiades internationales d’informatique (IOI) cet été à Kazan, en Russie. La sélection de l’équipe repose sur une large base : la concours Castor informatique (350000 participants l’an dernier) est le premier filtre. Les 20000 premiers sont alors invités à participer aux différents tours du concours Algoréa, en vue de sélectionner les 20 meilleurs dont seront issus les 4 représentants français. La préparation se fait en ligne, essentiellement sur la plate-forme France-ioi.org. Des stages sont organisés grâce au partenariat actif de l’EPITA. Les jeunes, là aussi ont pris la parole pour nous décrire leur expérience, les épreuves, où chaque exercice est à la fois théorique (trouver un algorithme) et pratique (l’implémenter), le stress de voir son score en temps réel, leurs choix et goûts en matière de langage de programmation…
À tous, Cédric Villani et Jean-Philippe Uzan ont, à l’issue de la plage d’échanges, offerts des cadeaux au nom de l’IHP (livre… d’un excellent auteur, invitations pour la future exposition au CNAM consacrée à Claude Shannon…). Jeunes et adultes se sont retrouvés autour d’un pot amical où nous avons pu échanger, de manière plus informelle, avec ces jeunes gens ouverts, astucieux et sympathiques qui feront la science de demain.
La Régionale Île-de-France APMEP, 26 rue Duméril, 75013 PARIS