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Le théorème de Narcisse
exposition au Petit-Palais
Article mis en ligne le 24 janvier 2022
dernière modification le 11 août 2023

par Christine Zelty

Le théorème de Narcisse : une exposition de Jean Michel Othoniel, du 28 septembre au 9 janvier 2022 au Petit Palais. Quand cet article sera publié, l’exposition vivra ses derniers jours ; peut-être que certains d’entre-vous auront eu l’occasion de la voir. Voici, pour tous, des impressions de ma visite.

Nous sommes accueillis par une grande cascade de briques bleues qui s’écoulent sur les marches du Petit Palais. Jean Michel Othoniel investit les salles du bâtiment ainsi que le jardin pour cette exposition composée de plus de soixante-dix œuvres. À cette occasion Othoniel invente « Le Théorème de Narcisse » : un homme-fleur, qui en se reflétant lui-même, reflète le monde autour de lui.

En pénétrant dans le musée, on aperçoit le jardin derrière la grande verrière et nous sommes attirés par une grande sculpture d’un lotus doré venue de Corée . Elle tourne sur elle-même avec le vent, grâce à des ailettes dissimulées dans les perles, comme un grand mobile. On trouve des colliers cachés dans les arbres, des colliers auto portés qui semblent flotter, ainsi que quatre sculptures inspirées par les fleurs posées sur l’eau des trois bassins.Il y a également des sculptures en forme de nœuds infinis en inox poli-miroir qui reflètent toute l’architecture du Petit Palais. Elles prennent les couleurs du jardin et réfléchissent le plafond peint de la coursive. Chaque perle se reflète elle-même mais capte et diffracte à l’infini l’image du visiteur. C’est absolument magique.

Nous descendons, ensuite, vers les salles du sous-sol en empruntant un escalier surmonté d’une grande sculpture miroitante qui occupe la place d’un lustre. Il s’agit alors de descendre vers la Grotte de Narcisse, en sous-sol, vaste espace sans lumière où l’on trouve une multitude de pièces.

Dans ce souterrain, un plan d’eau calme composé de briques argentées, un lac au-dessus duquel sont suspendues des formes développées avec la complicité du mathématicien mexicain Aubin Arroyo « les nœuds sauvages ».

Depuis 1997, Jean-Michel Othoniel adopte le module de la perle de verre soufflée, qui devient emblématique de ses œuvres et qui permet de refléter l’environnement. À l’autre bout du monde, au Mexique, le mathématicien, Aubin Arroyo se consacre, dans les années 2000, à une nouvelle théorie des reflets. Il utilise l’image virtuelle de perles miroirs comme base à ses calculs de « nœuds sauvages ». En 2015, grâce à Internet, les colliers noués d’Othoniel, et les images virtuelles d’Arroyo confrontent leurs troublantes ressemblances. Elles ouvrent sur la notion d’un univers sensible présent dans l’infini mathématique.

Aubin Arroyo a inauguré, il y a quinze ans, la théorie des « nœuds sauvages ». D’après Jean Michel Othoniel « les nœuds magiques sont une sorte d’exercice mathématique, conçu vers 1905, avec pour point de départ poétique une légende mythologique. Une déesse indienne casse son collier dans un geste de colère et toutes les perles se répandent dans l’univers : ce sont les étoiles. Des mathématiciens ont imaginé calculer les reflets de ces perles les unes dans les autres. Arroyo, lui, a changé les termes, il a lié ces perles en nœuds et a cherché à mettre en équation les reflets, en calculant toutes les combinaisons possibles. Sur ordinateur, il en a tiré des images. »

Nous pouvons admirer un détail d’une sculpture de Jean Michel Othoniel « Le grand Noeud autoporté, 2011 » en verre miroité et acier inoxydable ainsi qu’une image mathématique « Trefoil Knot » 58 sphères et leur reflets et être saisis par la ressemblance des formes.

Nous pouvons déambuler entre des sculptures sur socle « Nœuds du réel » ou « Nœuds de l’imaginaire » en observant des nœuds inspirés de la forme des pivoines, peints à l’encre noire sur fond blanc.

vue de l’exposition Jean-Michel Othoniel : le Théorème de Narcisse au Petit Palais

Voila une belle exposition qui mêle les mathématiques et l’art contemporain et par le jeu des reflets, nous avons été amenés à aller de l’infiniment grand à l’infiniment petit.

 

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Les chantiers de pédagogie mathématique n°191 janvier 2022
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